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Au Vietnam, l’histoire d’amour avec les deux-roues semble prendre fin

  • Aliénor Desmarest
  • May 4
  • 3 min read

Par Aliénor Desmarest


Ils sont partout, y compris sur les trottoirs, et ils roulent à toute allure. Il suffit d'un instant de

distraction pour se faire renverser. C’est le danger que risque les piétons et autres usagers de la route lorsqu’ils se baladent à Hô Chi Minh-Ville. Détenant le record du monde de motos, scooters et petits cyclomoteurs avec 8 millions d’engins immatriculés pour quelque 10 millions d’habitants, le gouvernement a récemment décidé d’interdire d’ici 2030, motos et scooters dans le centre de Hô Chi Minh-Ville, mais aussi de Hanoï, de Haiphong, de Da Nang et de Can Tho pour limiter le nombre d’accidents. Retour sur cette histoire d’amour qui semble prendre fin.


La popularité des deux-roues au Vietnam ne date pas d’hier. Dès 1958, le véhicule à moteur le plus produit de l’histoire est la Honda Club. Lors de la guerre du Vietnam, les Américains ont importé 750 000 Honda Club entre 1967 et 1969. À leur départ, les Vietnamiens ont récupéré ce deux-roues bon marché, simple à réparer et robuste. Bien qu’il soit considéré comme ringard au début des années 2000, il connaît actuellement un regain d'intérêt pour son côté vintage. La marque nippone fabriquant ce modèle a même décidé de le remettre au goût du jour pour le commercialiser. Par ailleurs, l’industrie des scooters carbure au Vietnam. Au cours des huit premiers mois de 2024, le pays a vu 2 022 500 motos neuves sortir des chaînes de production, soit une augmentation de 6,9 % par rapport à la même période en 2023. Sauf que 10 000 accidents mortels sont à déplorer chaque année dans la capitale Hanoï, en grande partie liée à des deux-roues. Ce taux, alarmant, n’a donc pas laissé sans voix le gouvernement vietnamien obligeant à adopter des mesures drastiques pour les grandes agglomérations, qui ne sont pas au goût de tous.



Le Honda Club, modèle iconique du Vietnam
Le Honda Club, modèle iconique du Vietnam

L’interdiction des deux-roues va accroître les inégalités de transports dans le pays


« Ce projet d’interdiction répond à un enjeu environnemental et de sécurité routière. Mais ce n'est pas sa seule vocation. Il s'agit également d'attirer les classes un peu plus aisées dans le centre », explique un journaliste vietnamien au quotidien italien, La Repubblica. Depuis dix ans, on assiste dans le pays, à une explosion de la classe moyenne vietnamienne. Comprenant 30 millions de personnes en 2020, elle comptera environ 56 millions en 2030, faisant de la société vietnamienne l'une des plus dynamiques et à la croissance la plus rapide de toute l'Asie du Sud-est. Mais l’interdiction des scooters leur rendra plus difficile l’accès à leur lieu de travail situé en centre-ville. Cela risque également de desservir certaines professions comme les restaurateurs et cafetiers qui seront privés en grande partie de leur clientèle venant principalement en deux-roues, rapporte également La Repubblica. Cette interdiction de scooters est aussi l’occasion pour la ville de développer son réseau de transport en commun. L’achèvement de la construction de la première ligne de métro est bientôt terminé. Sauf que l’émergence des transports en commun n’est pas du goût des Vietnamiens. Une université locale, a réalisé une enquête auprès d'un échantillon de 2 000 personnes vivant dans six grandes zones urbaines du Vietnam, proposant un scénario dans lequel le réseau de transports en commun de Hô Chi Minh-Ville serait deux à trois fois plus étendu à échéance 2030, avec six à sept lignes de métro et des frais de stationnement trois fois plus élevés. Soixante-dix pour cent des personnes interrogées ont déclaré qu'elles continueraient à utiliser des motos, ne serait-ce que comme taxis. Ainsi, même interdit, les deux-roues ne pourront être abandonnés, car ils font maintenant à part entière de la culture vietnamienne. Tout semble rouler pour eux pour encore de longues années !

 
 
 

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